D’origine française (le nom « Disney » vient « d’Isigny » en Normandie), Walt Disney (1901-1966) a toujours entretenu un lien particulier avec la France qui l’a conduit à y venir souvent et à puiser dans notre patrimoine l’inspiration d’une grande partie de son oeuvre.
Il aimait citer cette phrase de Jules Verne, son auteur préféré : « Ce qu’un homme a rêvé, un homme peut le faire ». Contes de fées ancestraux, récits originaux, romans de science-fiction etc. : aucun autre pays n’est à l’origine d’autant de films live et d’animation ainsi que d’attractions et cette source ne s’est pas tarie après la disparition de Walt.
Il aimait citer cette phrase de Jules Verne, son auteur préféré : « Ce qu’un homme a rêvé, un homme peut le faire ». Contes de fées ancestraux, récits originaux, romans de science-fiction etc. : aucun autre pays n’est à l’origine d’autant de films live et d’animation ainsi que d’attractions et cette source ne s’est pas tarie après la disparition de Walt.
UN NOM D’ORIGINE NORMANDE
Le nom de Disney vient d’Isigny (aujourd’hui Isigny-sur-Mer) d’où partirent Hugues et Robert d’Isigny pour accompagner le duc de Normandie Guillaume dans sa conquête de l’Angleterre en 1066.
Ils firent souche là-bas où leur nom passa d’Isigny à Disigny puis Disney. À la fin du 17e siècle, certains fuient la Restauration anglaise en passant en Irlande. C’est de là qu’émigre Arundel Elias Disney en 1834. Il s’installe au Canada que son petit-fils, Elias, quittera pour les Etats-Unis. Son fils Walt (1901-1966), ainsi que ses frères et sa soeur, sont la première génération à être née aux États-Unis (à Chicago). Passionné de généalogie, Walt Disney a fait réaliser un blason familial (inspiré des armes de la Normandie) qu’il a installé à l’entrée des châteaux de ses parcs en Californie et en Floride. Aujourd’hui encore, à Disneyland Paris, le beurre servi dans les restaurants et les hôtels provient d’Isigny-sur-Mer.
DE NOMBREUX VOYAGES EN FRANCE
Volontaire pour aller se battre sur le front malgré son jeune âge, Walt Disney débarque du croiseur Vaubin juste après l’Armistice du 11 juin 1918.
Que peut faire un jeune homme d’à peine 17 ans qui découvre la France dans l’exaltation de la victoire… si ce n’est tomber amoureux de notre pays ? Il rejoint les rangs de la Croix-Rouge pour participer à des opérations d’aide aux populations et décore la bâche de son ambulance de ses premiers dessins d’artiste. Un jour, son véhicule s’embourbe dans un champ en Seine-et-Marne. Rentré aux États-Unis, Walt Disney n’oubliera jamais cette année passée en France. En 1935, pour fêter les 10 ans de son mariage avec Lilian, c’est là qu’il l’emmène visiter les endroits qu’il avait appréciés lors de ses permissions d’ambulancier : le Mont Saint-Michel, Strasbourg ou les châteaux de la Loire…
Lors de son passage sur les Champs-Élysées, il entre dans un cinéma qui projette ses cartoons en continu. Jusqu’alors, les spécialistes prétendaient que les spectateurs ne pourraient pas rester plus de quelques minutes devant un dessin animé sans se lasser… ou sans troubles oculaires ! Walt Disney, qui envisageait déjà son premier long-métrage d’animation, Blanche-Neige et les Sept Nains (1937), réalise alors que son rêve n’est pas une chimère.
UN ARTISTE AIMÉ DES ARTISTES
Entre les deux guerres, fréquentant les artistes d’avant-garde européens qui le reconnaissent comme l’un des leurs, ou plus tard, à l’occasion de vacances en famille, Walt revient souvent en France, ce pays qu’il affectionne particulièrement., notamment à Carcassonne (où il trouvera l’inspiration de La Belle au Bois Dormant). En 1962, la comédie Bon Voyage avec Fred McMurray et Jane Wyman s’inspire d’ailleurs largement de ses propres souvenirs : de sa visite des égouts de Paris à la difficulté de laisser ses filles adolescentes flirter avec des titis parisiens… C’est également à Paris qu’il est décoré par la Société des Nations (ancêtre de l’ONU) tandis que le consul de France à Los Angeles lui remet la Légion d’Honneur en raison des liens d’amitié qui l’unissent à notre pays.
Enfin, on peut juger de l’attachement de Walt Disney envers la France même à titre posthume : Marne-la-Vallée a été préférée à toutes les autres villes candidates en Europe pour accueillir Disneyland Paris. Coïncidence : le parc à thèmes est situé près du champ où 73 ans plus tôt un jeune ambulancier de la Croix Rouge s’était embourbé…
DES CHEFS AUX ARTISTES DE BD, TOUS FANS DE DISNEY
Une Tour Eiffel plus vraie que nature marque l’entrée du pavillon de la France à Epcot, mi-Parc à Thèmes futuriste, mi-expo universelle, situé à Walt Disney World en Floride. Le succès jamais démenti de ce pavillon n’est que l’une des nombreuses illustrations de la place privilégiée qu’occupe la France dans le coeur de The Walt Disney Company. Ainsi, si Mickeyville et Donaldville ressemblent plus à «des villes bien de chez nous» plutôt qu’à des métropoles américaines, c’est grâce au Journal de Mickey.
Depuis 1934, de grands dessinateurs français se sont succédés dans ses pages et ont su créer un style qui a fait école dans le monde entier. En 2016, Glénat charge de grands artistes de BD de réinterpréter Mickey à leur guise. D’autres dessinateurs, à l’univers graphique particulièrement original, ont souvent été invités en Californie pour participer à des projets prestigieux : Jean Giraud dit Moebius a par exemple assuré la direction artistique du film-culte Tron en 1982. Presque 30 ans plus tard, Tron : L’Héritage met en avant d’autres talents français, musicaux cette fois, puisque c’est le duo Daft Punk qui en a composé les titres.
LA FRANCE, 1ÈRE SOURCE D’INSPIRATION DES DESSINS ANIMÉS
Dans les années 30 déjà, une série de cartoons appelés Les Symphonies Folâtres (Silly Symphonies) s’inspiraient de nos Fables de la Fontaine. Certaines, comme Le Lièvre et la Tortue ou Cousin de Campagne (d’après Le Rat des Villes et Le Rat des Champs), ont même obtenu l’Oscar du meilleur court-métrage d’animation. Et à 64 ans de distance, la fable de La Cigale et la Fourmi a inspiré une Symphonie Folâtre ainsi que le film Disney Pixar 1001 Pattes… où des sauterelles ont remplacé la cigale originelle. Cendrillon et La Belle au Bois Dormant, d’après Perrault, se déroulent en France et pour La Belle et la Bête, les artistes ont passé plusieurs mois en repérage dans les campagnes, les musées et les châteaux de la Loire pour y puiser leur inspiration.
Même Raiponce, le dernier-né des Classiques Disney tiré d’un conte des frères Grimm, trouve en réalité sa direction artistique du côté de Fragonard et des peintres français du 18e siècle.
Paris est également plus qu’un décor, c’est un «personnage» à part entière dans des dessins animés Disney ou Disney°Pixar comme Le Bossu de Notre-Dame (d’après Notre-Dame de Paris de Victor Hugo), Ratatouille et Les Aristochats.
Ce dernier doit d’ailleurs beaucoup à la participation de Maurice Chevalier qui interprète la chanson titre. Pour Walt Disney, l’homme au canotier était la quintessence du titi parisien et il lui avait déjà offert un rôle en or dans Les Enfants du Capitaine Grant d’après Jules Verne. Le père de la science-fiction était d’ailleurs son auteur préféré. L’un des plus grands triomphes en prises de vues réelles des Studios Disney a justement été 20.000 Lieues sous les Mers avec James Mason et Kirk Douglas. Les « Imagineers » qui créent les attractions des parcs Disney ont amplement montré leur amour de la France. Souvent évident, comme la silhouette du Château de la Belle au Bois Dormant qui trouve son modèle dans les illustrations médiévales des Très Riches Heures du Duc de Berry ainsi que dans le Mont-Saint-Michel. Un Mont dont la silhouette inspire souvent les artistes Disney, de La Belle et la Bête à Raiponce…
19 JUILLET 1934 : CRÉATION DE DISNEY FRANCE
1930 – L’éditeur Paul Winkler propose au journal Le Petit Parisien de publier les aventures de Mickey. À l’époque, adapter ces BD quelques semaines après leur publication aux États-Unis est une vraie prouesse. Peu après, Winkler s’associe avec Hachette pour sortir des albums illustrés Disney. Le 19 juillet 1934 est fondé Mickey Mouse S.A. (aujourd’hui The Walt Disney Company France) au 25-27 rue d’Astorg dans le 8e arrondissement à Paris. C’est l’une des premières filiales Disney en Europe pour un groupe qui commence tout juste à s’internationaliser. Cette même année voit également la naissance du Journal de Mickey, autre idée géniale de Paul Winkler et qui reste un modèle pour toutes les publications Disney dans le monde.
En 1938, Blanche-Neige et les Sept Nains est le film qui fait le plus d’entrées dans les cinémas français. La Seconde Guerre Mondiale marque un coup d’arrêt brutal aux activités de Disney en France mais Wally Feignoux, qui distribuait les films, parvient à cacher les bobines originales dans son jardin, évitant ainsi qu’elles ne soient saisies par l’Occupant ! C’est ainsi que, peu de temps après la fin des hostilités, Fantasia a pu être projeté à Paris, y obtenant un succès plus important que lors de sa sortie américaine, 5 ans plus tôt.
DES INITIATIVES LOCALES REPRISES AU GLOBAL
En 1946, le journaliste Armand Bigle interviewe Walt Disney de passage à Bruxelles. Le courant passe si bien entre les deux hommes que Bigle se voit proposer de relancer Disney en France. C’est ainsi que, depuis la Belgique dans un premier temps, puis, à partir de 1951, dans les bureaux des Champs- Élysées, Walt Disney Productions France reprend peu à peu pied. Bigle ne s’arrête pas là : il signe des contrats de publication pour les BD et de distribution pour les films sur tout le continent.
L’un de ses plus grands succès est le développement des produits dérivés, tels la célèbre collection Le Petit Ménestrel Lucien Adès, des «livres-disques» qui ont marqué des générations et ont été copiés dans le monde entier. Disney fait également un retour remarqué dans l’édition ainsi que ses premiers pas en télévision sous la houlette de Pierre Tchernia : «L’ami Public Numéro Un». Le Journal de Mickey est relancé en 1952 dans un nouveau format et avec une série devenue culte, Mickey à travers les siècles (et l’Histoire de France) pendant 25 ans. Son dessinateur, Pierre Nicolas, est aussi l’auteur de la célèbre couverture de Paris Match, réalisée suite à la disparition de Walt Disney le 15 décembre 1966. Ne disposant que quelques heures avant le bouclage, il choisit de se concentrer sur un gros-plan de Mickey, larmes aux yeux. Cette couverture est encore aujourd’hui la plus recherchée par les collectionneurs du monde entier.
DISNEY FRANCE AUJOURD’HUI ET DEMAIN
Dans les années 80-90, Disney connaît un nouvel âge d’or avec le lancement de la vidéo, Disney Channel et les boutiques The Disney Store. Sans compter l’ouverture de Disneyland Paris en 1992. Les années 2000 sont marquées par le développement des jeux vidéo, d’Internet et des réseaux sociaux. En 2010, The Walt Disney Company France est réorganisée autour de ses contenus et de ses marques comme Disney, Disney Pixar, Marvel et Star Wars. L’entreprise est dirigée par Jean-François Camilleri, auparavant à la tête de la distribution des films Disney en France et fondateur du label Disneynature qui produit et distribue des films dans la tradition des grands documentaires animaliers du temps de Walt Disney.
Voilà déjà plus de 80 ans que Disney accompagne ses spectateurs, téléspectateurs et consommateurs français avec ses belles histoires. Qu’ils s’agisse des grands-parents ayant appris à lire dans Le Journal de Mickey, des parents qui sont allés pour la première fois au cinéma à l’occasion d’un «Disney de Noël» ou des enfants qui attendent avec impatience du dernier épisode de Mickey sur YouTube, nous avons tous en commun des moments magiques liés à Disney et la France.